En 1936, Jean Martin est invité par le critique et peintre Henri Hérault à rejoindre le groupe « Forces et Nouvelles » qu’il vient de créer, avec entre autre Humblot, Rhoner, Jannin. Le groupe exposera à Paris et à Londres entre 1936 et 1938.
Hérault rencontre Martin au Salon des Indépendants, en 1936, où ce dernier expose deux toiles : « L’aventure était plaisante », écrit Hérault dans Le Midi libre le 10 janvier 1942, « un jeune provincial inconnu arrivait à surclasser toute la meute des arrivistes ou ratés parisiens. Les deux toiles en question représentaient, l’une des aveugles (quelque peu inspirés par ceux de Breughel), marchant clopin-clopant, tâtant la route de leurs bâtons, tels des antennes… et l’autre, des Joueurs de boules ».
Le critique est enthousiasmé par sa découverte : « Je retrouvais avec joie, réunies dans les œuvres de Jean Martin, toutes les vertus esthétiques (retour au dessin) que je prônais, à propos du groupe de peintres, que je venais de créer, intitulé « Forces Nouvelles »
Le journal consacre deux pages dans sa rubrique « Les lettres et les Arts » à l’article élogieux et pénétrant de Hérault. Celui-ci analyse : « En simplifiant à l’excès les formes, en les réduisant à leurs lignes essentielles, Jean Martin parvient, ainsi, à faire sourdre, plus intensément, la spiritualité latente de ses personnages… »
Il cite le peintre :
« Je cherche surtout, lorsque je peux, à créer des effigies les plus humaines possibles ».
C’est le « retour » à l’humain qui, selon Hérault, relie Jean Martin à tous les grands maîtres du passé…
Jean-Martin expose le tableau « Les Aveugles » réalisé en 1937
« Les Aveugles »
« La solidarité dans la nuit, chacun tient l’autre pour avancer. Dans quelle direction ? Y a-t-il un espoir ? » Jean Martin a représenté à trois reprises le thème des Aveugles (1934, 1938 et 1951). Marqué par l’allure et la démarche des pensionnaires de la Maison des femmes aveugles de Fourvière, il a choisi de peindre des personnages masculins, probablement afin de mieux rendre les mouvements des corps ; le corps humain, souvent représenté de façon sculpturale, ayant toujours une grande importance dans l’œuvre de Jean Martin. L’escalier « le Passage des anges », typique des ruelles montant à Fourvière ou de la Croix Rousse, s’apparente plutôt ici à une descente aux enfers.
Le choix du thème reflète peut-être un sentiment personnel d’anxiété : le grand père de J.M était aveugle, et distinguait ses deux petits-fils par le toucher ; le peintre a souvent exprimé la crainte de devenir aveugle à son tour.
Malgré le contexte de l’époque, il ne s’agit probablement pas d’une allégorie, même si J.M en a réalisé : ainsi « le Coq entravé » ou le « Saint Sébastien » avec pour arrière-plan les deux fleuves lyonnais, deux tableaux exposés sous l’Occupation à la Galerie Folklore-Marcel-Michaud, en plein centre de Lyon, à côté de la Kommandantur (la galerie jouait le rôle de boîte aux lettres, les résistants venaient prendre des missives glissées à leur intention derrière le châssis des tableaux).

Les Aveugles,1937,
Huile sur toile, 130×89
Coll. particulière, ancienne collection Marc Barbezat
Œuvre exposée en 1938 à la galerie Billiet avec le mouvement « Forces Nouvelles »
« Forces et Nouvelles »
Manifeste et signatures
Mémoire du peintre JEAN MARTIN
L’Association « Mémoire du peintre JEAN MARTIN » a été créée après son décès en 1996, à l’initiative de ses amis dans le but d’entretenir et de diffuser la connaissance de son œuvre.
Adresse
Association « Mémoire du peintre Jean-Martin »
c/o Monsieur Philippe PENNEC
7, rue Cuvier, 69006 LYON