Jean Martin
- Editions Mayer, Paris1982
Jean-Martin, album 116 p.
- Editions Mémoire des Arts1991
Exposition « Lyon Sacré », catalogue
- LYON SACRE1991
Jean-Martin, tradition et mystique du quotidien, 32 pages, publication de l’association « Mémoire du peintre Jean-Martin » à l’occasion de l’exposition LYON SACRE
- Gryphe2005
« L’Editeur et l’illustrateur, Genèse de l’Arbalète à travers la correspondance inédite de Marc Barbezat et de Jean-Martin », article de Jean-Christophe Stuccilli, dans : Gryphe, revue de la Bibliothèque municipale de Lyon, numéro 12, octobre 2005.
- Arts et Métiers du Livre2006
Jean-Martin, peintre et graveur du monde humain et divin », article de Christophe Comentale, dans : Arts et Métiers du Livre, numéro 255, août-septembre 2006.
- Revue du Louvre et des musées de France2010
Revue du Louvre et des musées de France, mai 2010, notice rédigée par J-C Stuccilli sur le tableau « Les Aveugles », à l’occasion de la donation au musée des Beaux arts de Lyon)
- Le Hiéron, Paray-le-Monial2018L’art en partage, au coeur du Musée, 2018
Ouvrage consacré aux acquisitions récentes du musée
À TRAVERS LA CORRESPONDANCE INÉDITE DE MARC BARBEZAT À JEAN MARTIN
GENÈSE DE L’ARBALÈTE (1940-1948)
Extraits de l’article de Jean-Christophe Stuccilli, historien de l’art, paru dans Gryphe, revue de la Bibliothèque municipale de Lyon, numéro 12, octobre 2005.
L’amitié entre Marc Barbezat, éditeur lyonnais (1913-1999) et le peintre Jean-Martin (1911-1996) est née au Salon du Sud-Est devant le tableau Les Aveugles (fig. 1 ;1937, coll. part.), l’une des œuvres les plus puissantes et les plus ambitieuses de Martin, dont Barbezat admirait particulièrement « le tempérament synthétique et violent » . Un tableau essentiel dans l’œuvre du peintre, remarqué par Henri Héraut au Salon des Indépendants de Paris en 1938, puis exposé la même année à la galerie Billet-Worms lors de la dernière exposition du groupe Forces Nouvelles réunissant des œuvres de Robert Humblot, Georges Rhoner, Tal-Coat ou encore Germaine Richier.
En janvier 1940, la peinture de Martin conforte Barbezat dans son désir de créer une revue : « Il faudrait faire paraître un numéro de guerre d’une feuille quelconque, où seraient réunis les témoignages d’une activité spirituelle ». Impressionné par la puissance graphique du dessin de Martin, Barbezat l’invite à étudier la première de couverture pour la revue. Ils avancent différents titres : ce sera finalement « l’Arbalète » qui sera retenu par le peintre et l’éditeur : « L’ARBALETE c’est concret, c’est un objet un peu archaïque, qui ne sert à rien et indique assez notre esprit hors de portée des armes automatiques et modernes » .
La revue, fondée en 1940, fut l’un des foyers artistiques et intellectuels les plus féconds à Lyon, et plus généralement en France, durant les années quarante. Treize numéros sont publiés jusqu’en 1948, la plupart sous l’occupation allemande, révélant au public les premiers poèmes de Jean Wahl et René Tavernier, les Poèmes zutiques de Rimbaud alors inédits Artaud, Aragon, Eluard, Sartre, Camus, Queneau, Leiris, Mouloudji, Claudel, mais aussi Dostoïevski, Lorca, Kafka, Heidegger ou encore les poèmes de Marcel Michaud, animateur de la galerie lyonnaise Folklore et ami de Jean Martin. Les éditions de L’Arbalète jouèrent en outre un rôle majeur dans la découverte de Jean Genet .
L’art de Martin doit être la matrice de L’Arbalète : « Il lui faut cette violence physique, celle de votre œuvre » . Selon Barbezat, le tempérament violent de Martin anime tout ce qu’il touche. Tout est simplifié, non pas appauvri, mais ramené à l’essentiel, et comme amplifié ; tout prend une allure puissante » .
Confiant en l’œil du peintre, Barbezat s’en remet à lui quant à la sélection des dessins pour les illustrations de L’Arbalète : « Je me fie à votre goût ». Il semble fasciné par les dessins de Martin, qu’il perçoit comme une écriture automatique révélatrice de l’inconscient : « Si nous choisissons la technique réduite à la simple course d’une mine de plomb sur une feuille de papier blanc, nous sommes conviés à observer la naissance presque spontanée d’une créature. Laquelle ne naît pas comme l’image sur la plaque photographique. L’appareil enregistre, l’artiste élague » .
L’aboutissement de cette collaboration est la publication aux éditions de L’Arbalète du recueil Dessins par Jean Martin en 1943. Vingt-trois nus féminins à la mine de plomb, reproduits en offset et précédé d’un texte idolâtre de l’éditeur, salué par Sartre.
Le pouvoir expressif du dessin, comme celui de l’écriture pour le poète, enthousiasme Genet alors que ses premiers poèmes sont publiés dans L’Arbalète. L’écrivain est fasciné par le dépouillement et l’érotisme des dessins de Martin, cette capacité à atteindre l’unité du corps humain par la seule ligne.
Dans son œuvre graphique, Martin se perd dans l’image démultipliée du corps féminin, une présence quasi obsessionnelle alors qu’elle est presque absente dans l’œuvre peint, où l’image masculine est dominante. La femme se déploie avec un lyrisme et une sensualité intense, la puissance de suggestion donnant au geste le plus banal, à l’attitude la plus naturelle du modèle, une volupté sans outrance.
C’est à la suite de leur collaboration à la création de L’Arbalète, que Martin remet Les Aveugles à Barbezat en gage d’amitié et d’estime, proposant ainsi une sorte de manifeste à leurs aspirations, rejetant la médiocrité comme la surcharge des ornements, la mièvrerie ou l’absence de lisibilité de la composition, poursuivant la même quête du beau et du vrai.
Par la suite, Jean-Martin abordera encore la gravure, à travers la série des « juges » en 1968, puis des baigneuses fantaisistes dans les années 1970.
Jean-Christophe Stuccilli
Jean Martin